jeudi 20 janvier 2011

La sur-occupation des lits c'est quoi ?

Un établissement hospitalier arrive à cette phase de sur-occupation des lits quand la fréquentation aux urgences est très élevée, et que le nombre de patients devant être hospitalisés dépasse la capacité de prise en charge médicale et hôtelière.
En période de crise et le plus souvent en hiver, l'établissement applique des procédures établies : des lits supplémentaires sont mis à disposition, du personnel paramédical recruté et/ou réquisitionné.
Mais il arrive que cela ne suffise pas !
Les patients restent des heures sur des brancards aux urgences, les équipes des urgences sont sous pression, les services médicaux anticipent les départs de patients...Les familles s'inquiètent, s'impatientent, la pression monte d'un cran ...
- Que faire ? Annuler les hospitalisations programmées, déprogrammer les interventions chirurgicales, renvoyer à leur domicile les patients dont l'hospitalisation n'est plus (ou pas) médicalement indispensable, appeler les établissements voisins, communiquer auprès des acteurs santé locaux... Les familles sont dans l'incompréhension ...
La pression est à présent palpable : C'est la sur-occupation !


Nous avons donc posé notre question aux principaux acteurs : C'est quoi pour vous, la sur-occupation ?

Eric Guyader, Directeur du centre Hospitalier de Douarnenez
- La sur-occupation, c'est d'abord une situation de crise. Aucune solution simple ne permet d'y répondre totalement car l'hôpital ne maîtrise ni les flux de patients venant aux urgences ni les capacités d'accueil des services ; celles-ci sont contraintes par les ressources médicales et soignantes disponibles et par l'architecture.

Face à ces situations, la mobilisation de tous les acteurs est indispensable pour répondre aux besoins d'hospitalisation et préserver la sécurité des prises en charge. Nous sommes conscients des efforts (surcharge de travail, rappels de personnels, accélération des sorties,...) demandés à chacun.

Aggravés par le vieillissement de la population, ces phénomènes ne seront maîtrisés que s'il y a un travail de fond sur l'organisation des filières de soins et sur le développement des alternatives à l'hospitalisation.

Delphine Launay, Directrice des Ressources Humaines
- Les responsables de service et la direction organisent des solutions pour faire face à cette difficulté (renfort ponctuel en personnel, ouverture de lits de médecine post-urgences,...) mais il y a une vrai sensibilisation à réaliser auprès des médecins traitants et des familles pour que l'hôpital ne soit pas toujours la porte d'entrée choisie pour une admission en maison de retraite. Et ce d'autant que ce n'est pas bénéfique au patient âgé, du fait du risque d'augmentation de la dépendance au décours de l'hospitalisation.

En parallèle, les personnels souffrent des problèmes d'organisation liés au manque de lits disponibles en médecine. Il est beaucoup fait appel à leur conscience professionnelle et à leur dévouement pour pallier ces difficultés. Des solutions plus pérennes sont encours de mise en place (lits de médecine post-urgences) mais la capacité d'adaptation des équipes et de l'encadrement restera toujours le point d'ancrage pour faire face aux missions qui sont celles du service public hospitalier.

Gilles Piriou, Président de la Commission médicale de l'établissement
- C'est une préocuppation énorme qui concerne la prise en charge du patient, la disponibilité des lits et des personnels médicaux, paramédicaux. Il faut jour après jour, maintenir la qualité et la sécurité des soins au bénéfice du patient.

Hervé Morvan, Coordonnateur des soins
- Il faut trouver des lits supplémentaires et/ou doubler des chambres (dans la mesure du possible) et adjoindre du personnel soignant en nombre suffisant afin d'assurer la sécurité des soins.
Assurer, en lien avec la communauté médicale, le suivi médical en rapport avec la pathologie du patient.

Marc Mescam, Cadre de santé des Urgences
- Un ralentissement global des flux de patients sur l'établissement, générant un "embouteillage" aux urgences...

Sylvie Poiron, Cadre de Santé de Chirurgie
- Ce n'est pas synonyme de suractivité, mais plutôt de désorganisation pour les personnels du service, les assistantes sociales, les cadres etc... Je compare cela à un "embouteillage" sur le périphérique avec les mêmes conséquences. De plus, à un certain stade de sur-occupation, cela peut générer des déprogrammations d'interventions très dommageables pour les patients...

Sylviane Mezou, Cadre de Santé de Médecine 3
- C'est "faire sortir au plus vite" des patients en phase de guérison vers leur domicile ou une autre solution d'hébergement (temporaire, SSR, famille,...) en sachant que ces mêmes patients peuvent revenir quelques jours plus tard !  

2 commentaires:

  1. La surcharge de travail existe également dans les cabinets médicaux, les libéraux sont confrontés aux mêmes difficultés que les praticiens hospitaliers notamment les urgentistes.
    Il faudra travailler en complémentarité en actant les difficultés de chacun; il faudra retrouver des disponibilités plus importantes des médecins spécialistes, pour la plupart des spécialités, il faut attendre 3 à 6 mois pour obtenir un rendez-vous. De nombreux passages par les urgences seraient évités par une hospitalisation directe et une disponibilité accrue des spécialistes.

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  2. Vous avez raison. La charge de travail ne pèse pas seulement sur les médecins hospitaliers. Elle pèse aussi, et de plus en plus lourdement, sur les praticiens libéraux. Cette situation s’explique par une demande de soins qui croît du fait du vieillissement de la population, du développement des pathologies chroniques et de la raréfaction progressive du nombre de médecins.

    L’articulation entre la médecine de ville et l’hôpital est certainement l’une des voies qui permettra demain de faciliter la prise en charge des patients, de veiller à la bonne utilisation des compétences et d’assurer la fluidité des parcours.

    Eric Guyader, Directeur du Centre Hospitalier de Douarnenez

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